La Newsletter du lundi
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Je bosse donc je suis…. qui ?

par | 10, Nov 25

Salut,

Il y a 10 jours, c’était Halloween.

Une copine a débarqué avec un carton Amazon sur la tête, genre, vraiment flippant qui a fait sursauter les passants, génial ! J’étais franchement pas serein à côté d’elle, en plus elle marchait super doucement (elle ne voyait rien), ce qui rendait l’ensemble encore plus flippant !

On aurait dit un mix entre The Ring et un point relais.

Le mien ? Subtilement gênant, je n’en dirai pas plus…

Et un de mes gamins ? Il voulait impérativement une tronçonneuse… Une putain de tronçonneuse ! (Je cherche un psy depuis…)

Le plus flippant dans tout ça ? Ce soir-là, on jouait un rôle.

Le reste du temps aussi mais sans le savoir.

On enfile des costumes avec nos réponses préformatées aux “Salut, comment ça va ?” le trois quarts du temps.

Et il y a ceux qu’on enfile dans nos jobs aussi.

L’indépendant qui incarne la liberté.

Le thérapeute qui va bien.

Le coach qui gère tout.

Le plombier qui règle les emmerdes, littéralement.

Bref tu as compris.

Sauf que contrairement à Halloween, ces costumes là, deviennent parfois trop inconfortables, pire on essaye de les maintenir parfois au prix fort.

Parce que sous ces apparences, il y a des trucs qu’on cache qu’on n’a pas envie de raconter à tout le monde.

L’angoisse de ne plus pouvoir payer son loyer, la peur de ne pas y arriver, les doutes sur sa légitimité.

Sans te parler des emmerdes quotidiennes.

Ces trucs là, personne n’en parle publiquement, et on garde le sourire de façade qu’on pense devoir tenir parce que les autres ont l’air d’y arriver.

Cerise sur le gâteau, sur internet on voit surtout les résultats, mais rarement la vraie sueur.

Forcément, ça fausse le baromètre et ça te renvoie tes galères en pleine tronche.

Sauf que la semaine dernière au Débrief, des gens ont osé en parler librement.

Pourquoi ? Parce que ça dépend du contexte.

Aujourd’hui je vais te raconter l’impact de ces costumes sur ta vie et ton taf, et comment les gérer pour ne pas finir à vouloir te balader avec une tronçonneuse au milieu de la rue.

Étude de cas : Quand on parle vraiment de “Sécurité”

J’aurais pu te parler des stratégies qu’on a bossées jeudi : prospection, réseau local, pages de vente, tout le toutim.

(Oui je sais… Je sens déjà ta déception monter en lisant ces mots…)

Mais soyons honnêtes : c’est pas ça qui a marqué.

On a parlé de sécurité, pas celle des paiements en ligne.

La vraie : la sécurité financière.

Celle qu’on cherche tous comme le Saint Graal en tant qu’indépendant, mais qu’aucun business plan ne garantit.

Des gens ont osé poser des mots :

« Purée, je ne vois plus mes gosses… je passe mon temps à communiquer, et j’ai zéro retour. »

« Le CA vient de baisser, la fin du chômage approche, c’est tendu. »

Pas dans un délire larmoyant en mode thérapie de groupe sur fond de piano triste… Juste un moment humain : « Là je galère, j’ai peur. »

Le genre de vérité brute, qu’on n’a pas envie de balancer dans un carrousel sur Instagram.

C’est dur, parfois même honteux.

Si t’es indépendant, tu connais ces moments où tu fais tout bien et pourtant t’as cette foutue boule au ventre.

Alors on la garde pour nous.

Sauf que la première chose à faire, c’est d’en parler.

Parce que ça fait du bien, et surtout, tu réalises que t’es loin d’être le seul.

Ces cycles là, dans la vie d’un indépendant, touchent tout le monde un jour ou l’autre.

Le piège, c’est de croire que quand tout va bien, ça va durer… et qu’à l’inverse, quand ça va pas, ça n’ira plus jamais mieux.

Ça me fait penser à une citation très philosophique : « La vie trouve toujours un chemin. » (Ian Malcolm – Jurassic Park)

Ouais, c’est moins sexy que Sénèque, mais ça fait le job (et lui n’a jamais affronté de T-Rex, donc bon…).

On n’a pas sorti de plan d’action miracle parce que parfois, il n’y en a pas.

On a surtout posé les masques l’espace d’un instant.

Pour moi, c’est LE point de vigilance : la réponse à « Comment ça va, VRAIMENT ? ».

Pas le « Yes, ça roule, c’est dur mais j’avance, hop hop hop. »

Ça ne sert à rien parce que ça n’ouvre aucune porte, et pire ça te pousse à continuer droit dans le mur.

Le plus marrant ?

C’est dans ces moments-là qu’on entrevoit de vraies solutions comme on l’a fait jeudi dernier.

Juste parce qu’on a osé dire : « Putain, j’en ai ras le cul. »

Et ça… ça change tout.

Le replay en intégralité des Études de cas ici pour les abonnés (S’abonner pour voir le replay).

La question qui fâche : Le mythe de l’authenticité inspirante

On en parle deux minutes de ce mot qu’on nous sert à toutes les sauces ?

“Authenticité.”

À croire que c’est le nouveau label bio du développement d’activité.

On te dit : “Partage ton vécu ! Inspire les gens ! Sois vrai !”

Entre nous… si demain je poste sur Insta que je galère, que j’ai plus de clients, que je bouffe des coquillettes au beurre en attendant un virement… tu crois que quelqu’un va me confier son business ?

Le pire, c’est pas ceux qui cachent tout, mais ceux qui en font des tonnes avec les posts “J’ai tout perdu, mais regardez comme je suis résilient”.

Ils dosent le pathos comme on verse du sucre dans un café froid, et tout le monde applaudit.

Là on n’est plus dans l’authenticité, on est dans la scénographie émotionnelle.

Et à l’autre bout du spectre, t’as les clones du business, toujours heureux, toujours productifs, et tellement culpabili…. euuuuh « inspirants » pardon.

Ceux qui écrivent “J’adore mon job” alors qu’ils pleurent dans leur voiture entre deux rendez-vous.

Tout en sachant qu’à côté de ça il y a des gens dont l’authenticité inspire vraiment dans le but d’aider, en partageant ce qu’ils ont traversé et vécu pour aider, pas juste pour faire du chiffre.

Et tu peux être cette personne aussi si tu veux.

Il y a toujours un curseur.

Entre ce que tu vis et ce que tu balances.

Personne ne poste “Aujourd’hui j’ai pleuré dans ma douche parce que je galère”

Et heureusement.

Tes clients s’en foutent de tes états d’âme.

Mais si tu portes le costume H24 sans jamais le poser, à un moment tu pètes une durite.

Tu t’enfermes avec tes doutes, tu rumines et au final tu perds ta lucidité.

Alors trouve ton endroit pour en parler.

Pour certains c’est un pote, un psy, un barman irlandais, et pour d’autres encore un Débrief du Jeudi.

Parce qu’à un moment faut bien enlever le masque, ne serait-ce que pour vérifier s’il y a encore quelqu’un dessous.

Conseil comm’ de la semaine : Où placer TON curseur

On a tous des filtres, moi le premier (bon ok, pas suffisamment selon certains de mes proches mais j’en ai quand même hein… euh enfin je crois).

Ceux qui te disent « moi je suis 100% authentique » ils mentent ou ils sont inconscients.

Exemple débile mais concret : Quand ça va pas, tu sais ce qui me fait du bien ? Me mettre à la terrasse d’un café et j’invente des histoires absurdes aux passants.

J’observe, je juge et critique.

Ouais je sais, j’ai le profil psychologique d’un retraité aigri, mais j’ai acheté un bouquin de dev perso avec « Amour & Bienveillance » marqué en gros sur la couverture ça devrait m’aider. (ou alors je suis juste en avance sur mon temps et c’est cool !)

Je vais être jugé d’ailleurs en te disant ça.

La vraie question : est-ce que c’est racontable et surtout quel putain de rapport avec mon taf ?

Ça dépend du contexte et de ce que tu es prêt à assumer.

Ici, dans cette newsletter ? Pour illustrer mon propos.

Sur LinkedIn pour attirer des grandes entreprises ? Moyen moyen.

Autre exemple tiens : bosser avec des grandes boîtes en costume, c’est compliqué pour moi.

Parce que je ne porte pas le « bon » costume littéralement et métaphoriquement.

J’assume cette conséquence parce que je sais que certains clients potentiels vont me trouver trop « décontracté », et c’est ok.

C’est pareil avec les méthodes qu’on te vend.

« Tu devrais faire ceci ou cela ! Poste 3 fois par jour ! Fais des lives tous les jours ! »

Ouais mais… des fois le costume qu’on te propose dans ta manière de travailler n’est pas du tout fait pour toi, même si ça fonctionne pour d’autres.

Moi les posts quotidiens ? Je ne peux pas, ça me bouffe toute mon énergie.

Les tunnels de vente ultra optimisés ? J’y crois pas.

(J’ai l’impression qu’on me demande de vendre des aspirateurs avec 47 emails de relance et un compte à rebours qui fait peur.)

Est-ce que c’est nul ? Non.

Ça marche pour plein de gens, mais c’est pas MON costume.

Et porter un costume très inconfortable, c’est aussi épuisant que de le porter H24.

Alors voilà la seule règle qui vaille, à mon sens

Assume ce que tu partages, et choisis bien à qui tu le montres.

En public je partage mes erreurs passées (une fois que j’en suis sorti), mes doutes sur la manière de faire, ce qui me fait chier dans le milieu.

En privé je crache mes peurs du moment, mes vrais doutes. Et y’a des trucs que je partage jamais publiquement, point.

C’est pour ça que les gens, au Débrief, étaient contents d’en parler.

Parce qu’ils ne voient ce sujet que rarement abordé.

Et ils assument que ce soit en replay, parce que le cadre est clair : entre pairs, en confiance.

L’authenticité c’est pas tout montrer, c’est juste arrêter de bullshiter.

Et choisir consciemment avec qui tu partages quoi.

Question philo & posture

Quand c’est la merde ou quand tu sens qu’il est temps de changer quelque chose voici la question que je te propose de te poser :

« Si j’y arrive pas… au pire, il se passe quoi ? »

Parce que la vérité dans tout ça, c’est que tant qu’on est vivant, il y a toujours une suite possible.

Pas toujours belle ou confortable, mais possible.

C’est la vie.

Et cette suite commence souvent là où on accepte de voir les choses telles qu’elles sont, sans filtre ni costume, et aussi de ne pas rester seul avec, parce que s’enfermer avec ses merdes, c’est la garantie de les voir grossir.

Et quand ça va bien ? Putain, kiffe.

Parce que la sécurité n’existe nulle part, tu peux avoir un CDI en béton, un compte bien rempli… et tout peut basculer du jour au lendemain.

Alors autant profiter quand ça va.

On porte tous des costumes qu’on le veuille ou non.

Celui du pro qui tient bon, du parent qui gère, du pote toujours dispo, du type qu’on croit solide.

On les enfile sans y penser, pour (se) rassurer, s’intégrer ou ne pas déranger.

Et parfois, on finit par oublier qu’on peut les enlever, et qu’on peut en changer.

Mais le costume, c’est pas le problème.

Ce qui épuise, c’est quand il finit par te coller à la peau.

Quand tu ne sais plus si tu souris parce que tu vas bien, ou parce que c’est ce qu’on attend de toi.

Quand tu joues le coach inspirant alors que t’as juste envie de te réincarner en ficus et qu’on t’arrose une fois par semaine sans te poser de questions.

On peut pas vivre tout nu symboliquement.

Alors on choisit nos tenues et c’est ok, tant que ça reste un choix.

L’authenticité, c’est pas se foutre à poil.

C’est savoir quand t’es encore toi dans ton costume, et quand t’es juste déguisé pour tenir le coup.

Parfois tu l’oublies, parfois tu te forces à le garder.

Mais dans les deux cas, ça finit par sonner faux.

Alors ouais, choisis ton costume, porte le fièrement.

Mais pense à l’enlever de temps en temps.

Sinon tu te retrouves comme moi à faire tes courses chez Lidl avec un collier à pics en plastique, une tronçonneuse en plastique (aussi), et le sentiment diffus d’avoir raté ma carrière de punk version Orange Mécanique.

Rendez-vous jeudi à 12h30 pour le prochain Débrief sans costumes pour les abonnés, et sinon à Lundi prochain !

A très vite 🚀
​JP