La Newsletter du lundi
***

Est-ce que je vais tenir émotionnellement ?

par | 15, Sep 25

Salut,

J’espère que tu vas bien !

Tu connais ces posts LinkedIn : « Aujourd’hui j’ai fait 47 km à vélo sous la pluie et j’ai signé 3 contrats. Quelle leçon de vie ! » avec 847 likes.

Et nous, on répond « Bravo ! » en commentaire alors qu’on a pas réussi à ouvrir notre pot de confiture au p’tit déj.

Combien de « Ça va ? » automatiques on échange par jour ? Combien de sourires de façade ?

Au Débrief de jeudi (merci aux participants !), Céline a osé poser une vraie question : « Est-ce que je vais tenir émotionnellement ? »

Ça, ça mérite plus de 847 likes.

Cette question, on se la pose tous à un moment donné. Sauf qu’on fait semblant de rien, on sourit, on dit « ça va ».

Jusqu’au jour où on prend des décisions qui ressemblent plus à des fuites qu’à de vraies solutions.

Bonne nouvelle : c’est normal. Et il suffit parfois de pas grand-chose pour s’en sortir.

L’étude de cas de la semaine : Céline

Son cabinet tourne, ses pubs Google fonctionnent bien. Elle a des clients, de la demande, bref tout va bien sur le papier.

Sauf que jeudi, pendant le Débrief elle lâche ça : « Est-ce que je vais tenir émotionnellement ? Je me pose même la question de reprendre un job d’infirmière. »

Silence dans la salle.

Céline est fatiguée. Pas physiquement. Émotionnellement.

Enchaîner 5/6 séances par jour avec des histoires lourdes, ça peut plomber le moral… On ne va pas se mentir.

Je sais, j’en entends certains me dire « Moi j’ai mon rituel entre les séances, je sniffe de la sauge pour me purifier et c’est reparti » ou encore « bah je ne prends pas les émotions des gens, ça ne m’appartient pas, tout est juste dans l’univers ».

Oui, si TOUTES les séances ont un impact sur toi, il faut se poser des questions. Mais soyons honnêtes 5 minutes : la peur de « tenir émotionnellement » ça arrive à tout le monde.

Parce qu’il n’y a pas que les séances. Elle doit AUSSI jongler avec toutes ses casquettes : son gamin, sa comm, sa compta, la prospection…

« Tiens et il faudrait vraiment que je lance ces ateliers mais là… pffff… »

Alors pourquoi reprendre un job d’infirmière ?

Bah oui, je la comprends : pour retrouver une zone de confort.

Attention, je ne te parle pas de la « zone de sécurité » où on en chie mais pas suffisamment pour que ça change. Non, là on parle de la vraie zone de confort. Celle où tu sais faire, où ça roule, où tu n’as pas à te prendre la tête en permanence.

On a tous envie que ça tourne sans se prendre la tête au fond. C’est humain.

Mais ce taf d’accompagner des gens, si beau qu’il soit, en étant à son compte est exigeant. Chaque nouveau client peut amener des remises en question, des difficultés, des impacts émotionnels, ajouté à cela la pression financière.

Et des fois, il y a des périodes où ça fait beaucoup ! Et c’est normal.

C’est là qu’on a parlé de diversification, de gérer ces cycles. De solutions temporaires pour se refaire la frite.

Faire le minimum syndical en comm. Attendre avant de lancer un nouvel atelier.

Mettre plus l’accent sur ton potager plutôt que de lire ton 435e livre de dev perso parce qu’il « faut être meilleure ».

Ou varier les activités comme Céline y pense et c’est ok.

Moi par exemple, depuis plusieurs mois, j’ai renoué avec mes premiers amours professionnels.

Je me suis remis aux sites web en parallèle. J’écris aussi les textes pour toi maintenant. On papote, tu me dis ce que tu fais, hop je crée le site, tes articles tes posts.

J’adore ça ! Ça me change du coaching et bizarrement, là où la routine et parfois la lassitude pouvait s’installer, bah ça va beaucoup mieux !

(Bon et le lundi je matte l’Amour et dans le Pré aussi… désolé).

Parfois on a besoin de faire quelque chose qui n’a rien à voir. Pro OU perso. Jardinage, associations, sport. Un truc qui nourrit différemment.

On a vite fait de bouffer boulot 24h/24, de ne parler qu’avec des collègues, de croire qu’on ne doit vivre QUE de ça.

Encore vendredi, j’ai eu une séance avec une cliente qui a son cabinet qui tourne mais « il manque le truc qui la fait vraiment kiffer ». Et tout ça peut se faire en parallèle, rémunérateur ou non.

Et hop ça redonne la patate !

(Spécial dédicace à une participante du Débrief pour son partage tout en poésie : « Pas d’énergie, aucune envie de passer la seconde, j’ai décidé de me foutre la paix. »)

La question qui dérange

Tu attends quoi pour arrêter de culpabiliser de ne pas kiffer ton job à 100% tout le temps ?

Sérieusement.

Tu as le droit d’être fatigué émotionnellement. De faire des pauses dans ton développement. De faire le minimum syndical.

Tu as le droit de vouloir autre chose en parallèle. Et même si c’est temporaire.

La diversification en tant qu’indépendant, c’est LE truc qu’on peut se permettre. Alors pourquoi on se l’interdit ?

Le replay Débrief est dispo sur la plateforme du Révélateur dans la section « Live/Archives » réservé aux abonnés.

Le conseil comm’ de la semaine

Tu connais l’expert qui t’explique pourquoi ta douleur dorsale vient de ton « déséquilibre posturo-dynamique en chaîne croisée » ? Alors que toi tu voulais juste savoir si c’est grave ou pas.

C’est exactement ce qu’on fait parfois dans notre comm.

On balance notre expertise à pleine dose, nos concepts, notre jargon. On se la joue « regardez comme je maîtrise mon sujet ».

Sauf que la plupart des gens, ils veulent juste comprendre comment tu peux les aider. Point.

La prochaine fois que tu écris un post ou que tu expliques ce que tu fais, pose toi cette question : « Est-ce que ma grand-mère ou mon neveu de 12 ans comprendrait ? »

Si la réponse est non, reprends. Traduis. Simplifie.

Parce que l’expertise, c’est dans l’accompagnement qu’elle sert. Pas dans la communication.

La question philo & posture de la semaine

La semaine dernière, je vous ai demandé : « Notre job, c’est d’aider les gens à être heureux ? »

Vos réponses ont tapé dans le mille !

Kat a nuancé avec Spinoza : si le bonheur c’est l’absence totale de souffrance, on n’a pas la baguette magique. Mais si c’est quelque chose qui se construit à l’intérieur, alors oui, on peut accompagner.

Mchantal préfère parler d’harmonie ou d’équilibre plutôt que de bonheur – chacun sa vision du bonheur après tout.

Pour Marie-Hélène : on est responsable de son propre bonheur.

Et moi je pense que ce qui empêche les gens d’être heureux, c’est justement de croire qu’ils doivent l’être tout le temps.

Ça rejoint parfaitement Céline aujourd’hui : parfois notre job, c’est d’accompagner les gens à accepter qu’ils ont le droit d’être fatigués, de faire des pauses, de ne pas pétiller en permanence.

Alors cette semaine, question posture :

Comment tu accueilles tes propres « mauvais jours » dans ton métier d’accompagnant ? Tu culpabilises de ne pas être au top ou tu acceptes tes cycles humains ?

Et voilà, c’est tout pour aujourd’hui et c’est déjà pas mal !

En écrivant cette newsletter, ça m’a frappé à quel point on a tous besoin de ces moments où on peut enfin dire « je suis crevé », « j’ai des doutes », « des fois c’est lourd ». Un espace où on peut enfin être juste… humains

C’est exactement ce qui s’est passé jeudi avec la reprise des Débriefs. On a parlé de réussites, de lancements d’ateliers de groupe, de cercles de femmes, de pubs… Super riches, fun, mais aussi de ces sujets là.

Parce qu’au fond, c’est peut-être ça qui nous manque le plus : le droit d’être fatigués sans culpabiliser, le droit de dire « putain là je décide de me foutre la paix » sans être jugé.

Et parfois, la possibilité de se trouver des solutions à des situations qui semblent être aussi réjouissantes qu’un contrôle fiscal un lundi matin.

Rendez-vous jeudi à 12h30 si tu es abonné aux Débriefs.

Sinon, porte toi bien et à la semaine prochaine !

PS : Et la prochaine fois que je te demande comment tu vas, hésite pas à me le dire vraiment 😉

A très vite 🚀
​JP